Groupe Socialiste, Écologiste et Démocrate

A Lyon, le 25 janvier 2024

 

Madame la Ministre,

Nous vous écrivons aujourd’hui pour vous alerter de l’extrême fragilisation des structures culturelles d’Auvergne-Rhône-Alpes.

En 2022, en retirant brutalement quatre millions d’euros de subvention à plus d’une centaine de lieux de spectacle vivant et de festivals, Laurent Wauquiez posait les jalons de son entreprise de déstabilisation des institutions publiques culturelles de la région.

Plusieurs structures lyonnaises et grenobloises ont été ciblées : le TNP à Villeurbanne, l’Opéra et la Villa Gillet à Lyon, la Biennale d’art contemporain, le Festival Lumière sur la métropole de Lyon, la MC2 et l’Observatoire des politiques culturelles à Grenoble. Ces institutions contribuent pourtant indéniablement à la structuration et à la vitalité des filières artistiques et culturelles en Auvergne-Rhône-Alpes, bien au-delà des métropoles où elles sont implantées.

Aussi, la justification donnée – un supposé « rééquilibrage territorial » – n’a pas survécu à l’épreuve de la réalité, d’autant plus que des lieux de spectacle vivant et des festivals localisés en milieux ruraux ont également été victimes de coupes budgétaires, à l’instar du festival du Chambon-sur-Lignon (43), privé de l’intégralité de sa subvention.

En 2023, ces baisses de subvention ont été entérinées, de nouvelles ont été actées – à titre d’exemple, le festival du court métrage de Clermont-Ferrand a perdu 110 000 euros de subvention régionale – et certaines ont été intégralement retirées. C’est notamment le cas du festival Woodstower qui, n’ayant bénéficié d’aucun soutien régional pour son édition 2023, est aujourd’hui en déficit de 250 000€. Le théâtre nouvelle génération (TNG) à Lyon a également fait les frais des décisions autoritaires du Président de Région, ayant été privé de sa subvention régionale de 149 000€ du fait de propos critiques tenus par Joris Mathieu, directeur de l’établissement, à l’égard de la politique culturelle de Laurent Wauquiez.

En 2024, que va-t-il advenir ? Combien de festivals, combien d’établissements culturels, combien d’écoles seront encore menacés par la sélectivité du soutien régional ?

Ce que nous craignions, c’est que, ce faisant, la culture recule pour la population sur tous les territoires sans distinction. C’est aussi un énorme risque sur l’emploi pour ces structures culturelles déjà très fragilisées par les deux années de pandémie et l’inflation galopante.

Ainsi, Madame la Ministre, face aux emplois menacés, aux structures au bord de la fermeture, nous espérons que le soutien de l’Etat ne faillisse pas et que vous continuiez à accompagner les acteurs culturels d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Comme vous le savez, depuis presque quarante ans, les conseils régionaux ont pris leur place dans le co-financement des institutions culturelles, et contribuent à un modèle économique basé sur un consensus entre Etat et collectivités locales. Cet équilibre républicain est fragile ; il est pourtant essentiel qu’il perdure afin de permettre la diversité de la création, de la production et de la diffusion sur les territoires.

Dans l’attente d’un retour de votre part, nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre considération.

 

 

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Annexe – La liste des acteurs culturels concernés par une baisse des subventions

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