Groupe Socialiste, Écologiste et Démocrate

Vœu adressé au Gouvernement

Nos établissements publics d’enseignement supérieur (universités et grandes écoles) sont confrontés à une crise financière et structurelle alarmante, comme l’ont souligné leurs représentants lors de la mobilisation du 3 décembre dernier en se déclarant « Universités en Danger ».
En effet, jusqu’en 2023, le résultat consolidé des comptes financiers des établissements publics d’enseignement supérieur était positif. Depuis cette année et encore plus pour 2025, ces résultats vont plonger et mettre les établissements en grande difficulté. Leur trésorerie a fondu pour assumer sur fonds propres les mesures salariales décidées nationalement et non compensées par l’État : l’augmentation du point d’indice en 2023 (mesure Guérini) et maintenant l’augmentation des contributions au CAS (compte d’affectation spéciale) Pensions, non couvertes par l’État.

Pour les seuls établissements publics de notre Région, le déficit prévu pour 2024 est de 33 millions d’euros et il sera de près de 60 millions d’euros en 2025 (36 millions d’euros de non-compensation des mesures Guérini et 23 millions d’euros d’impact du CAS Pensions). Ayant perdu toute marge sur leur trésorerie, Universités et grandes écoles ne pourront rétablir l’équilibre qu’au prix d’une ponction sur les fonds de roulement, réduisant d’autant leur capacité d’investissement.

Faire le choix politique d’affaiblir les établissements d’enseignement supérieur publics,

• c’est faire le choix de pénaliser l’avenir pour compenser les erreurs politiques du présent ;
• c’est réduire leur capacité à accueillir notre jeunesse comme ils ont su le faire sur la dernière décennie, qui a vu la population étudiante croître de 20 %, et mettre en danger notamment les campus délocalisés ;
• c’est réduire leur capacité à accompagner une population étudiante de plus en plus fragile (30 % des étudiants sont en situation de pauvreté monétaire ou de conditions de vie, notamment au regard de la santé mentale) ;
• c’est faire le choix politique de privilégier le recours à l’enseignement supérieur privé (qui est passé de 17 % à 27 % des étudiants depuis 2017) ;
• c’est poursuivre la dégradation des conditions de recherche et le recul de la place de la France dans le monde ;
• c’est réduire la capacité de ces établissements à innover au profit de l’économie de notre territoire ;

• c’est autant de talents que nous n’aurons pas au sein de nos entreprises notamment dans des domaines de pointe : intelligence artificielle, cybersécurité, réindustrialisation verte, santé…

Bien sûr la situation budgétaire de notre pays est tendue, mais faire le choix politique d’affaiblir les établissements d’enseignement supérieur publics, c’est renoncer à la mission de service public d’enseignement supérieur.

Par ce vœu, le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes appelle le Gouvernement à tout mettre en oeuvre pour permettre aux établissements publics d’enseignement supérieur (universités et grandes écoles) de construire des budgets 2025 et futurs à l’équilibre, notamment en assumant les charges induites par les mesures décidées nationalement sur la masse salariale et non compensées (augmentation du point d’indice régulant le salaire des fonctionnaires et augmentation des cotisations au titre du CAS Pensions) et sans en accroître les charges par de nouvelles mesures non compensées (passage de 1 à 3 jours de carence…)