La question de la gestion des infrastructures de transport est au cœur de nos compétences et importante pour l’avenir de nos territoires. Dans le cadre de l’expérimentation de l’aménagement, de l’entretien et de l’exploitation des routes nationales mises à disposition par l’État, notre collectivité doit décider de ses priorités. Fidèles à nos convictions, nous avons voté contre cette initiative en juin 2022, et nous réaffirmons aujourd’hui notre opposition. Pourquoi ? Parce que nous croyons fermement que l’avenir ne passe pas par la surenchère d’investissements dans le réseau routier, mais par le développement des transports collectifs, de l’intermodalité et des mobilités douces, en particulier en milieu rural.
Routes ou mobilités douces : un choix stratégique pour l’avenir
Le rôle d’une région ne devrait pas être d’investir massivement dans le réseau routier national. Nous ne nions pas l’importance des routes, mais les défis majeurs auxquels nous faisons face exigent un changement de paradigme. En milieu rural, où la dépendance à la voiture est forte, il est urgent de mettre en place des solutions alternatives : transports en commun accessibles, mobilités partagées, réseaux cyclables sécurisés, et pôles d’intermodalité.
Pourtant, force est de constater que les choix budgétaires de la Région font la part belle au réseau routier. Dans le cadre de la nouvelle programmation du Contrat de Plan État-Région (CPER), 36 % des crédits sont alloués à la route, contre seulement 31 % au ferroviaire. Ce déséquilibre est problématique dans un contexte où les besoins en transports publics explosent.
Un réseau ferroviaire saturé et délaissé
Entre 2015 et 2022, la fréquentation du réseau TER dans notre région a bondi de 13 %, preuve d’un réel besoin des citoyens pour ce mode de transport. Pourtant, l’offre de trains a diminué de 6 % sur la même période. Résultat : des lignes TER saturées, des usagers confrontés à des difficultés quotidiennes et des territoires ruraux isolés en raison de la fermeture de petites lignes ferroviaires.
Le développement des transports ferroviaires, véritable colonne vertébrale des mobilités régionales, est pourtant au cœur de nos compétences. Mais au lieu d’investir dans la rénovation des lignes, l’augmentation des fréquences ou la modernisation des gares et pôles multimodaux, une large partie des fonds régionaux est consacrée à l’entretien des routes nationales, au détriment des solutions décarbonées.
Une incohérence budgétaire inacceptable
Cette orientation est d’autant plus incompréhensible dans le contexte budgétaire actuel. En 2025, notre collectivité doit faire face à des restrictions financières importantes, avec une diminution des dotations de l’État qui se traduit par une baisse des budgets pour des secteurs essentiels :
- Missions Locales : des services cruciaux pour l’accompagnement des jeunes impactés.
- Lycées publics : des investissements scolaires fragilisés.
- Environnement : un budget réduit de 10 millions d’euros.
À l’inverse, l’entretien des routes nationales coûtera 14 millions d’euros supplémentaires à la Région. Ce « deux poids, deux mesures » est insupportable, surtout face à l’urgence climatique et sociale.
Changer de priorités pour un avenir durable
Pour ces raisons, nous avons voté contre cette délibération. Nous croyons en un changement nécessaire et urgent de priorités. Investir dans les transports collectifs, développer les mobilités douces et réduire la dépendance à la voiture, notamment en milieu rural, sont les piliers d’une politique de mobilité régionale tournée vers l’avenir.
Nous continuerons à défendre une vision ambitieuse et responsable pour répondre aux défis environnementaux et sociaux de notre époque. Il est temps que notre collectivité prenne conscience de l’importance de ces enjeux et agisse en conséquence.