centrale nucléaire du Bugey © Wikimédia
La Région Auvergne-Rhône-Alpes a récemment présenté un plan censé soutenir la filière nucléaire. Mais derrière les grands mots, peu de nouveautés concrètes apparaissent. Ce dispositif ne crée rien de neuf : il se contente d’ouvrir des programmes régionaux déjà existants à un nouveau secteur, sans augmenter les budgets associés.
Cette approche rappelle celle du plan de soutien aux industries de défense et de sécurité voté en juin dernier : élargir le champ des bénéficiaires sans renforcer les moyens. D’ailleurs, le fonds “Sécurité et Défense” de 100 millions d’euros servira aussi à financer le nucléaire — un mélange des genres qui interroge sur la cohérence de la stratégie régionale.
Un plan plus politique qu’opérationnel
Ce texte, présenté comme un plan d’action, relève davantage d’une déclaration politique que d’une réelle feuille de route. Il vise principalement à afficher un soutien régional à deux projets :
La construction de deux EPR2 sur le site du Bugey,
Et l’implantation hypothétique d’une deuxième paire d’EPR2 sur le Tricastin, dans la Drôme.
Or, le projet du Tricastin n’existe pas à ce jour : il n’a pas été retenu par l’État, ni étudié. Se prononcer dessus au niveau régional relève donc de la spéculation.
De nombreuses questions restent sans réponse
Concernant le projet du Bugey, plusieurs interrogations majeures persistent :
Le coût : l’EPR de Flamanville a déjà atteint 23 milliards d’euros. Les estimations pour les futurs réacteurs oscillent aujourd’hui autour de 100 milliards pour six EPR, un budget colossal dont la rentabilité reste incertaine.
Le prix de l’électricité : selon les projections, il pourrait dépasser 120 €/MWh, sans certitude sur les coûts finaux.
La ressource en eau : avec le changement climatique, peut-on garantir le refroidissement durable de la centrale du Bugey ? Les études manquent pour évaluer l’impact sur le Rhône, la biodiversité et les usages agricoles.
Ces incertitudes, financières comme environnementales, font douter de la faisabilité et de la durabilité du projet.
Un débat nécessaire pour un choix d’avenir
L’indépendance énergétique est un enjeu stratégique. Mais elle ne doit pas occulter les risques économiques, techniques et écologiques liés au nucléaire. Avant tout engagement massif, il est essentiel d’apporter des réponses solides à ces questions.
Pour l’heure, la délibération régionale apparaît comme un geste politique, sans plan concret ni vision claire. En l’état, il semble prématuré de l’approuver.
Retrouvez l’intervention d’Anna Aubois en assemblée :