Les universités françaises traversent une crise financière et structurelle d’une gravité sans précédent. Dans notre région, des établissements comme les Universités Lyon 2, Clermont Auvergne, Jean Monnet à Saint-Étienne ou encore l’École Normale Supérieure de Lyon témoignent d’un malaise généralisé qui met en péril la mission de service public de l’enseignement supérieur et de la recherche. Le Projet de Loi de Finances 2025 du gouvernement Barnier vient aggraver cette situation, assénant un nouveau coup à des institutions déjà en grande difficulté.
Un désengagement progressif de l’Etat
L’Etat se décharge progressivement des charges supplémentaires aux établissements sans fournir de compensations qui leur permettraient de survivre. Parmi les exemples les plus frappants, la hausse de la cotisation employeur au compte d’affectation spéciale pour les retraites représente 3,1 millions d’euros pour l’Université Clermont Auvergne (UCA), et menace directement des postes d’enseignants. Ces dépenses viennent s’ajouter à une inflation galopante et à des mesures salariales non compensées, comme la hausse du point d’indice des fonctionnaires.
L’Etat diminue ses dotations aux Universités au moment où les prix de l’énergie augmentent fortement, c’est un effet ciseau sans précédent qui provoque un épuisement de leurs fonds de roulement. À l’ENS, cette réserve permet encore de tenir, mais au prix de reports ou d’annulations de projets. À l’UCA, le président de l’université évoque une asphyxie qui rendrait presque inévitable la suppression de formations, une solution jugée « mortifère ».
Des conditions de travail et d’étude dégradées
La crise budgétaire dépasse les simples déficits financiers et impacte le quotidien des étudiants, enseignants et personnels administratifs. À l’université Clermont Auvergne, les cours dans des salles surchargées, les bâtiments vétustes, et le manque de chauffage témoignent de la précarité croissante. Les suppressions de postes et la surcharge de travail des enseignants, qui doivent parfois improviser pour assurer la continuité pédagogique, exacerbent une situation déjà tendue.
À Lyon, les déficits historiques de l’université Lumière Lyon 2 et de l’ENS empêchent des projets clés comme la rénovation de la bibliothèque Diderot, régulièrement sinistrée par des inondations, ou des résidences universitaires.
Le risque de la marchandisation de l’enseignement supérieur
Derrière ces résultats financiers catastrophiques, se profile un enjeu politique : la transformation du modèle universitaire français. Avec l’asphyxie budgétaire, l’augmentation des droits d’inscription a été évoquée comme ultime recours, une mesure aussitôt balayée par les syndicats étudiants. Cette mesure, dénoncée aussi par les présidents d’universités, risquerait d’aggraver les inégalités en excluant les jeunes issus de milieux modestes. L’idée d’une université publique accessible à tous semble menacée par cette logique de marchandisation inspirée du modèle nord-américain.
Un appel à l’action collective
Malgré les efforts d’économies drastiques et une mobilisation importante, les universités ne peuvent plus continuer seules. Le mardi 3 décembre dernier, elles ont unanimement tiré la sonnette d’alarme en se déclarant « Universités en danger ». Toutes réclament un financement pérenne et juste, une annulation des transferts de charges, et une politique ambitieuse pour redresser un enseignement supérieur dont la qualité se détériore face à une concurrence internationale axée sur l’excellence.
Il devient urgent pour le gouvernement de réévaluer son engagement envers les universités, notamment en renonçant aux mesures confiscatoires du Projet de Loi de Finances 2025. Le service public universitaire ne doit pas être perçu comme un coût, mais comme un investissement stratégique pour l’avenir de la jeunesse. Dans ce contexte, un soutien fort de notre Région est essentiel pour épauler les universités de notre territoire. Sans une mobilisation de notre collectivité, nos établissements risquent d’être déclassés sur le plan international, compromettant durablement l’attractivité et la compétitivité du système universitaire régional.
Les universités de notre région sont un des maillons essentiels du développement économique par les emplois induits et la participation active aux travaux de recherches fondamentales et appliquées. Par son offre de formation pluridisciplinaire et multisites elles participent également au désenclavement des territoires ruraux et la promotion de nos savoir-faire régionaux.
C’est pourquoi, les 19 et 20 décembre 2024, nous déposerons des amendements au budget présenté par la majorité régionale afin d’apporter un soutien financier aux budgets de fonctionnement de nos universités.
Retrouvez le communiqué de presse commun