Un budget supplémentaire dans un contexte tendu
Le budget supplémentaire présenté par la Région intervient dans un contexte financier particulièrement contraint. La dernière Loi de Finances impose un effort de 2,2 milliards d’euros aux collectivités locales. Concrètement, cela se traduit par un gel des recettes sur certaines fractions de TVA et la mise en place d’un mécanisme de lissage fiscal pour les collectivités.
Les conséquences sont concrètes et lourdes. Les collectivités doivent désormais composer avec des marges très limitées pour investir. Les services publics risquent de perdre en qualité et certains projets structurants des territoires pourraient être retardés, voire annulés. C’est pourquoi nous considérons cette décision de l’État comme irresponsable. Malheureusement, la majorité régionale n’a que très peu dénoncé cette situation.
Culture et sport : un déséquilibre préoccupant
Le budget prévoit une augmentation des crédits pour la culture et le sport. Sur le papier, cela semble positif. Mais la répartition réelle des moyens révèle un déséquilibre : la majorité des crédits supplémentaires sont affectés aux équipements sportifs.
Les structures culturelles locales restent, elles, confrontées à une forte augmentation de leurs charges. L’inflation et la hausse des coûts de fonctionnement pèsent lourdement sur leur activité. Ainsi, lorsque la délibération mentionne « culture et sport », le mot « culture » apparaît surtout comme un paravent. La vitalité artistique de nos territoires est reléguée au second plan.
Redonner à la culture sa place dans le budget régional est essentiel. La culture constitue un pilier de l’attractivité des territoires et contribue à la cohésion sociale.
Soutien économique : cohérence et équité
Sur le volet économique, la Région consacre 12 millions d’euros à l’implantation du groupe Safran dans l’Ain. Ce projet industriel de grande envergure, estimé à 450 millions d’euros, mérite un accompagnement régional. Cependant, le soutien ne doit pas se limiter aux projets les plus médiatiques ou médiatiquement valorisants.
L’exemple de Vencorex, à Pont-de-Claix, est révélateur. Plusieurs collectivités locales avaient investi dans la SCIC pour la reprise du site. La Région, malgré des promesses orales, n’a jamais concrétisé son engagement. Résultat : 400 emplois ont disparu.
Aujourd’hui, le projet Exalia pourrait redonner vie au site, autour de la production de chlore et de soude. Il est crucial que la Région participe activement à cette relance industrielle et montre une réelle cohérence dans son soutien à l’économie locale.
Plan Montagne : cibler les besoins réels
Le budget prévoit également un redéploiement de crédits vers le plan Montagne, ce qui est une bonne initiative. De nombreuses stations rencontrent des difficultés financières, et il est nécessaire de les accompagner.
Cependant, il est important de cibler prioritairement les stations moyennes qui s’engagent dans une transition vers un modèle quatre saisons. Les grandes stations déjà bien dotées n’ont pas besoin d’un financement supplémentaire pour des canons à neige ou l’éclairage public.
La Région doit donc concentrer ses moyens sur les territoires qui en ont réellement besoin et favoriser les initiatives durables et innovantes.
Des priorités claires pour une politique régionale efficace
Dans ce contexte budgétaire contraint, la Région doit faire des choix précis :
Soutenir véritablement la culture et l’industrie locale
Accompagner les territoires en transition, notamment les stations de moyenne montagne
Réduire les dépenses de communication et les projets uniquement vitrines
Les habitants attendent des décisions concrètes, pas des annonces symboliques. Une politique régionale utile passe par la cohérence des choix et l’attention aux besoins réels des territoires.
Retrouvez l’intervention de Stéphane Gemmani :